Eerlik Oopa

Le problème des guerres c’est que ceux qui les commandent ne sont jamais ceux qui en souffrent.

Eerlik l’a appris assez tôt quand, l’année de ses six ans, une échauffourée entre l’armée du royaume et celle d’un vassal qui avait essayé de fomenter un coup d’état, détruisit totalement son village, tuant tous ceux qu’il connaissait sur son passage. La puissance déchainée dans ce combat rendit la terre stérile autour de son ancien village et les quelques survivants furent obligés de s’exiler à la capitale du royaume, Tarlon, ou la froideur de leur réception n’eut d’égal que l’indifférence des autorités face à leurs malheurs.

Regroupé dans un ghetto, le petit groupe de rescapés, resté soudé, était dirigé par Agnetta, une des anciennes du village, une femme gentille et sage qu’il finit par considérer comme sa grand mère. Bien obligé de survivre avec rien, Eerlik commença à faire la manche, comme d’autres, pour ramener de quoi manger à son enclave. Puis quand il devint trop vieux pour attendrir les passants, il se mit à chaparder, au début de la nourriture, puis une chose en entrainant une autre, à couper des bourses tout en prétendant avoir trouvé du travail à Agnetta.

Il y a 2 ans, de retour après une journée de « dur labeur », il fut replongé dans l’horreur, son enclave avait été massacrée. Des amis morts et Agnetta égorgée avec sur le mur écrit au charbon : « INUTILES ». Les autorités corrompues firent celles qui n’avaient rien vu et ainsi, sans coupable, l’enquête fut close. Eerlik avait tout perdu, une deuxième fois
.
Il continua donc sa vie, détroussant froidement le tout-venant, riches, pauvres, jeunes, vieux, peu lui importait. Il y a 7 mois, entre bonneteau et rapines, Eerlik, ayant fait les poches à un visiteur de la cité richement vêtu, se retrouva en possession d’une étrange pierre orange qui semblait pulser. Passant ses soirées les yeux rivées sur cette pierre, une voix se fit peu à peu entendre dans sa tête lui promettant la puissance, vengeance et richesse. Il ne fut pas long à convaincre et, guidé par la voix, il finit par découvrir qui avait organisé le meurtre de son groupe, un petit marchand qui se trouvait en affaire avec un lieutenant de la garde.

Quelques jours plus tard, le marchand ne se réveillerait plus jamais.

Mais sa chance a tourné au moment où il voulut s’en prendre au lieutenant Armas. Celui-ci l’entraînât dans un piège et après s’être fait tabassé par les gardes et s’être fait arrêté, il se retrouva bien vite condamné au gibet pour, non seulement l’agression du garde et le meurtre du marchant, mais également, insulte suprême, pour le meurtre de son groupe dont le lieutenant avait réussi à lui faire porter le chapeau.
Un jour avant son exécution, un homme étrange vint le voir dans les geôles et sa proposition était simple : accepter de s’enrôler dans la compagnie de la louve blanche ou balancer au bout d’une corde le lendemain. Eerlik accepta et l’homme partit.

Le lendemain les gardes vinrent le chercher, l’amenèrent devant la foule, à l’échafaud, lui passèrent la corde au cou… Quand le bourreau lui glissa à l’oreille : « essayez d’avoir l’air convaincant », Eerlik sut qu’il allait vivre… Et un jour se venger.